A l'époque ou cet Art est apparu le contexte humain et historique sont très différentes d'aujourd'hui. L'apprentissage servait à former des professionels de la guerre en premier lieu, et en second lieu offrir une chance équitable à toute personne devant passer par "l'ordalie" d'un combat judiciaire. Il est clair que nous ne sommes pas soumis à ces aléas...
On est d'accords sur un point : le contexte social dans lequel s'inscrit notre pratique est différent de celui de l'époque (quoique cela dépende de quelle époque on parle exactement). Parceque dans les faits, tenir une épée, c'était, jusqu'à un certain point, aussi naturel qu'il nous est naturel de conduire une voiture par exemple, ce qui explique notamment le laconisme des sources à propos de détails qui nous apparaissent, à nous, comme des difficultés, mais qui devaient probablement dégouliner d'évidence, il y a quelques siècles. Nous ne sommes, en effet, pas dans l'obligation d'apprendre à manier une lame (ou deux, ou une hache, je ne suis pas sectaire), parcequ'il y a peu de chances qu'on se retrouve engagé dans un duel judiciaire.
Là où je divergerai légèrement, c'est qu'il ne me semble pas (encore) que nous soyons concentrés sur un art de guerre, l'ensemble des codes qui régissent une formation militaire impliquant bien plus que dans l'art du duel l'usage de formations, de phalanges etc... (même s'il n'est évidemment pas exclu de savoir dans quel sens on tient une épée, et comment la passer efficacement en travers d'un adversaire en situation de confrontation 1-1)
En revanche ce corpus ne présente pas les différentes techniques comme étant propre à un cas de figure ou l'autre mais comme étant toujours utilisables. D'autre part les lecteurs du corpus, plus restreint, italien se rappeleront sans doute que Fiore dei Liberi différencie les "prises de colère" et les "prises d'amour" (traduction imparfaite mais mon italien est moins dévelopé que mon Hochdeutsch...). On peut y voir là une différenciation claire entre un cadre d'entrainement et un cadre quasi mortel.
Je me permet de diverger un poil sur ce paragraphe, car il me fait tiquer.
Je suis perplexe.
Parceque je ne vois absolument pas de quoi tu parles. Ou plus exactement je vois plusieurs options, mais pas une qui serve vraiment ton propos. Je pense (mais je peux me tromper, il faudrait que tu me donnes la référence exacte) que tu fais référence simplement à la manière dont Fiore gère l'incrossada (la prise de croix, lorsque les deux épées se rencontrent), et le sentiment au fer. En gros savoir si l'on frappe furieusement, cherchant à gagner la ligne (comme dans le zornhau allemand), ou si l'on ne cherche qu'à briser la ligne,frappant plus "doucement" en la quittant, pour en créer une nouvelle (comme dans le Schielhau).
Eventuellement, ça peut peut être (mais je ne vois pas comment tu en serais arrivé là) un souci de gardes stabile, instabile et pulsativa (qui, dans une certaine mesure seulement, parceque ce n'est pas tout à fait comparable, se rapporterait aux zornhut germaniques ??)
Bref quoiqu'il en soit je ne me rappelle pas mention du tout d'un contexte d'entraînement et d'un contexte léthal chez Fiore. Ni ailleurs. Si tu pouvais me ressortir un lien vers la question, je suis intéressé.
Fiore couvre un contexte de combat. Ses écrits sont destinés à l'enseignement du combat, ce qui nécessite bien sûr un entraînement, mais à quoi sert l'entraînement sinon à éprouver son art dans un "contexte mortel" ?
Je n'ai pas bien saisi cette partie de ton paragraphe, car je ne vois pas bien la différence que tu fais entre les deux. L'entraînement est la phase préparatoire au combat. combat qui oppose des protagonistes qui ont véritablement décidé de se faire mutuellement mal, j'entend, que ce soit dans le contexte d'un duel judiciaire, de la guerre, ou plus simplement de simple self-défense. Ce serait cool que tu développes.
(Concernant le fait que le corpus italien soit plus restreint, nous ouvrirons probablement un autre topic sur la question. Affirmer cela de fait est tout à fait péremptoire, car que ce soit en terme de sources ou de contenu, je ne vois pas ce qui l'amène.)
Mais reprenons. Au sein de la SJS on a pour vocation d'acquérir une connaissance fonctionnelle des différentes techniques de notre corpus d'étude. Ceci dans le but de se donner une meilleure idée de se que pouvait réaliser un combattant professionnel il y à maintenant 700 ans environ en arrivant à terme à une maîtrise pratique et intelectuelle du corpus et de l'Art qu'il dévelope. Bien sur le fait que la recherche n'est jamais fini nous oblige à accepter le fait qu'on court après une baleine blanche mais c'est le fait de s'engager et persévérer dans cette direction qui anime notre pratique.
Et je suis ravi de te l'entendre dire.
J'attend la suite